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Tsuji, Hitonari
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Un de mes premiers romans japonais si l'on exclut les « japoniaiseries » d'Amélie Nothomb. Hitonari Tsuji né en 1959, cumule les activités d'écrivain et de chanteur de rock.
L'arbre du voyageur raconte les pérégrinations entreprises par un jeune homme à peine sorti de l'adolescence dans le but de retrouver son grand frère disparu une dizaine d'années auparavant. Ce grand frère, dénommé Yûji, s'est depuis toujours comporté d'une manière très singulière que ce soit avec sa famille, ses amis ou les êtres humains en général; fugues à répétition, actes violents et souvent gratuits, discours sibyllins sont les reflets de la personnalité plutôt ambiguë de ce personnage resté un mystère pour ses proches et qui semble s'être définitivement volatilisé. Mais qui dit mystère dit aussi curiosité et fascination.
Suite au décès de ses parents, le narrateur va tout tenter pour retrouver la trace de son aîné. Son enquête va le mener à croiser différents personnages au travers desquels il va découvrir une certaine part cachée de son frère mais surtout se découvrir lui-même et s'affranchir enfin de cet ascendant presque maladif et de ce complexe d'infériorité qui le poursuit depuis son enfance. Pour bien montrer ce rapport de force entre les deux personnages, l'auteur ne cite jamais le nom du narrateur, qui reste pourtant le héros principal du récit, et se contente de le nommer en utilisant systématiquement des périphrases du genre: « le frère de…, le petit frère de... »
Hitonari Tsuji nous fait découvrir certains aspects de Tokyo et de la société japonaise. Mais ce sont les rapports entre les humains et surtout la recherche de soi qui sont les thèmes principaux de ce « road movie intérieur » qui n'est pas sans me rappeler Cinq vivants pour un seul mort. Comme Jean, le héros de Catherine Lovey, « le petit frère de Yûji » est prêt à tout abandonner, sa vie, ses études, son avenir pour trouver les clés du mystère qui entoure la vie de son frère disparu. Mais comme Jean, est-ce vraiment la volonté de découvrir la vérité qui guide notre héros? N'est-ce pas plutôt le besoin de remettre en cause de sa propre personnalité ? La chute de l'histoire est bien là pour le confirmer. Une grande part de l'énigme reste sans explication.
Le véritable sens de la vie, la liberté, l'amour, la mort, la métempsychose, Dieu, tous ces sujets fondamentaux sont évoqués par l'auteur au travers des réflexions et des actes de ses différents personnages mais comme chez Catherine Lovey, Hitonari Tsuji ne cherche pas à convaincre le lecteur de quoi que ce soit et le laisse libre de se forger sa propre opinion.
En résumé un roman court et original écrit en 1992 qui se lit très bien et qui, en dépit de son origine japonaise possède un petit côté « occidental ». Il est à noter que Hitonari Tsuji vit à Paris depuis 2003.
A découvrir sûrement, Le Bouddha blanc, son premier roman, prix Femina étranger 1999.
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Jean-Claude Mouly
(30 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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9/1/2008
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