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Andahazi, Federico
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« L'incroyable mais véridique histoire » d'un maître d'anatomie de l'université de Padoue. Comme son homonyme Colomb, il découvre un continent! Comme à Galilée son contemporain, on lui fait un procès! C'est lui qui découvre, chez la femme, sinon le siège de l'amour, du moins le lieu du plaisir : « amor veneris », le clitoris. Son livre : De re anatomica, Venise, 1559. Mateo Colomb veut se faire aimer de Mona Sofia, la plus célèbre pensionnaire d'un bordel de Venise, et décide d'éveiller scientifiquement son intérêt pour sa personne. Le roman est bien construit, haut en couleurs, sans vulgarité, et retrace la « geste » du savant, ses démêlés avec l'Inquisition, et ses rapports avec une sainte qui tournera mal. Il fréquente les grands de ce monde et les mauvais lieux, et on suit partout ce héros à la fois adulé et pourchassé. Ironie du sort, l'auteur argentin de ce roman allègre a reçu le prix « jeune littérature » et se l'est vu aussitôt retiré pour « pornographie »! À croire que le sujet reste brûlant, et que certains contemporains, insensibles au plaisir de lire, ont hérité des œillères des Inquisiteurs. Extrait : N.B. : C'est un savant du XVIe siècle qui parle devant un tribunal ecclésiastique. Plaidoirie de Matteo Colomb devant la commission des docteurs de l'Église : « Je ne suis modestement qu'un humble anatomiste duquel le propos est bonnement d'interpréter l'oeuvre du Tout-Puissant et, ce faisant, de la louer. « Or donc je m'avance à soutenir, comme je suis convaincu que vous le déciderez vous-mêmes à la fin de la présente plaidoirie, que nul mot de mon Re anatomica ne contredit les Saintes Écritures. « Je veux vous dire qu'il existe chez la femme un organe occupant des fonctions analogues à celle de l'âme des hommes, mais dont la nature est complètement différente, vu qu'il ne dépend que du corps. Ledit organe est le siège du ravissement féminin[.] Je soutiens que la femme se trouve sous l'emprise constante de l'Amor Veneris et que tous ses actes, des plus nobles aux plus repoussants, des plus dignes et admirables jusqu'aux plus vils, n'ont d'autre source que l'organe duquel il est question. De la plus ribaude des prostituées jusqu'à la plus fidèle et chaste épouse, de la religieuse très dévote jusqu'à celle versée en sorcellerie, toutes les femmes unanimement, pareillement, sont soumises à l'arbitraire de cette partie de l'anatomie. »
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Alain Rotko
(54 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Roman historique
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4/1/2002
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