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Waltari, Mika
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Les amants de Byzance n'est pas une histoire d'amour comme on pourrait le croire. Certes, il y a l'amour, mais sur quelques pages seulement de cet énorme volume.
Je me permettrais de noter quelques passages de la préface, car je ne suis pas écrivain et ne pourrais vous décrire aussi bien le thème du live.
Nous sommes en décembre 1452, dans Byzance, Constantinople, cernée par les armées du sultan. Six mois plus tard,la ville de marbre ne sera plus qu'un amas de cendres fumantes. Six mois offerts à deux âmes pour connaître le désir et son impossible assouvissement.
Six mois offerts à une civilisation exténuée pour procéder à un dernier bilan avant de céder la place aux fascinants barbares qui lui apportent tous ensembles la promesse de l'anéantissement et celle d'un inquiétant renouveau. Waltari n'ignore pas qu'il en va du destin des empires comme de celui des cœurs : la vérité d'une époque où celle d'un être ne révèle son essence intime que si on la soumet au feu du creuset.
Byzance meurt paralysée par ses atermoiements, monstre d'orgueil condamné à l'ataxie des impotents. Il déploie une machinerie conquérante qui fait l'admiration des âmes simples, parmi lesquelles il range l'autorité des gens de science, ces illusionnés du savoir, mais qui valent les promesses de cette impressionnante mécanique.
Car derrière les remparts, une lutte absurde continue d'opposer mieux que jamais les frères ennemis préposés à la défense de la chrétienté : Grecs et Latins, Byzantins et Vénitiens, fonctionnaires impériaux et aristocrates nostalgiques, lesquels préfèrent encore les Turcs à la Papauté qui leur tend la main depuis Rome. On sait que la ville assiégée est pour les romanciers et pour les dramaturges ; un creuset exemplaire où les passions, portées à incandescence, se révèlent dans leur nécessité la plus crue, la plus violente. Les amants dont il est question ici, affrontés en une joute amoureuse exaltée et brutale, l'apprendront à leur joie et douleur, jouets d'un destin ironique dont la cruauté même les autorise à prendre avec le monde les plus folles libertés.
Cette œuvre occupe une place centrale chez l'auteur, celle d'une sorte de diamant noir et considérée par nombre de ses lecteurs comme son chef d'œuvre.
PETITE NOTE DE L'AUTEUR (1908-1979) Mika Waltari, traduit en 20 langues, est l'auteur finlandais le plus lu de par le monde. Fasciné par l'histoire, ce romancier singulier, érudit, scrupuleux, habité par un non-conformisme secret (on l'a souvent comparé à Marguerite Yourcenar), ne hante les méandres du passé que dans la mesure où ce décor-prétexte lui permet de traiter avec une distance désillusionnée les incompréhensibles soubresauts de l'aventure humaine. Ce qui n'empêche, le cas échéant, ni l'ironie ni même la passion, il
s'ingénie à cultiver en toute chose une ambiguïté proprement
shakespearienne.
Je vous conseille vivement ce livre, car on n'y sent jusque l'odeur de la poudre, on entend les cris, on voit les gens courir et crier, on vit avec ce livre.
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Mirese
(121 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Roman historique
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5/1/2007
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En ligne : 30946 visiteur(s)
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