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Faulkner, William
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Ce livre est presque une véritable épopée, une petite Odyssée! La mère, Addie Bundren, se meurt et, par sa fenêtre, elle entend son fils Cash qui scie les planches de son cercueil. Elle a émis le voeu d'être enterrée dans une autre ville, avec ses parents.
Ansen Bundren, son mari, est tellement avare qu'il refuse au médecin d'entrer chez lui jusqu'au moment où il obtient la garantie que cette visite est bien gratuite! Il y a quatre fils et, une fois la mère décédée, les voilà qui mettent le cercueil à l'arrière de la carriole et qui partent tous vers l'autre ville. Les chemins sont infects suite à de terribles pluies et le voyage va presque devenir une épopée cocasse.
La description de ces petits blancs du Sud, presque plus pauvres que les noirs!... Âpres, petits, mesquins, terre à terre, durs, quasi analphabètes et j'en passe...
Un très grand livre et qui arrive presque à nous faire oublier ce que ce voyage pourrait avoir de dramatique, mais il sera difficile!
Le tout avec le style grandiose et très particulier de Faulkner!
Suggestion(s) de lecture : Lumière d'août et Sartoris, du même auteur.
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Hubert Viteux
(225 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
12/1/2005
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Faulkner, William
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Vision saisissante de l'âme humaine, Tandis que j'agonise fait partie des oeuvres dont Faulkner a situé l'action à Yoknapatawpha, lieu imaginaire. Si le sujet est fort simple - Anse, afin de respecter la promesse faite à sa femme, conduit le cercueil avec toute la famille à Jefferson pour l'y enterrer -, la confrontation des quinze narrateurs aboutit à un tableau complexe des comportements de cette famille rurale pauvre. Plusieurs lectures sont possibles : la première, évidente, la description des moeurs rurales, n'est pas la moins riche. Nuancée des portraits psychologiques des personnages qui se dévoilent peu à peu au fil de leurs monologues ou des témoignages, elle donne une vision saisissante de l'âme humaine. Samson, un voisin, a cette réflexion étonnante de justesse au sujet des femmes de Tandis que j'agonise : « Mais elles se rendent la vie pénible en refusant de l'accepter telle qu'elle est, comme font les hommes. » Mais ces derniers n'en sont pas pour autant fatalistes. Tull aide ce paresseux de Anse par habitude et, songe-t-il, « le Seigneur aussi, sans doute ». Quant à Anse, il a promis, il fait donc le voyage, quoiqu'il lui en coûte.
Une chronologie affective à travers cette lente épopée (autre lecture possible), aucun des hommes ne se rebiffe, seule Dewey Dell voudrait changer son état. Bien sûr, chacun profite de l'occasion pour accomplir de petits rêves. L'un, un dentier, l'autre, une machine à musique... Mais ces préoccupations n'entachent en rien l'accomplissement de la parole donnée. Et, tout au long de leur chemin, la mère, vivante dans leur esprit, règne une dernière fois (la première, sans doute) sur sa famille. Son monologue n'intervient d'ailleurs qu'au milieu du roman alors qu'elle est décédée depuis longtemps. C'est là un aspect capital de l'écriture de Faulkner : une chronologie affective et non temporelle. Le monologue du prêtre qui justifie son arrivée lors de la veillée funèbre n'intervient qu'au milieu du récit. Celui-ci se construit autour du voyage, thème central et révélateur de l'intrigue. Il est alors logique que quelques clés soient données juste avant l'arrivée en ville (les monologues de Witfield, de Cora, d'Addie, de Peabody). Tout le voyage est alors celui d'une tribu dont la vie est comprise entre les souvenirs distincts de ses membres et un projet commun. Peu d'actes sont d'ailleurs décrits, le monologue favorisant la description de sa gestation et, somme toute, ce sont les éternelles fascinations qui se retrouvent : la folie, l'adultère, la mort, mais exprimées avec une étonnante force. Quant à la nouvelle Mrs. Bundren, elle n'est que la réaffirmation du quotidien après la parenthèse de la mort.
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
11/1/2005
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Livre(s) de William Faulkner critiqué(s) sur le Guide
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