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McDonald, Gregory
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Rafael veut faire cadeau de sa vie à sa famille et à la communauté en acceptant, contre 300 000 $, d'être l'acteur d'un snuff-movie.
Le roman retrace les trois derniers jours de Rafael passés avec sa communauté et sa famille. Il décrit la misère de ce groupe, vivant à proximité d'une décharge et dont l'alcool reste la seule consolation.
Certes, le détail terrible du troisième chapitre sur les tortures qui attendent le héros pour une heure avec la mort au bout comme délivrance dans ce « film » horrible ne peuvent pas laisser le lecteur sans la sensation première d'avoir lu et senti la puissance de cette infinie violence. Encore qu'il est juste, comme le souligne le gros et gras réalisateur libidineux, qu'au bout d'un certain seuil, on ne « sent plus rien », ce qui est en effet parfaitement vrai, car ce « trop » anesthésie réellement et assez vite d'ailleurs.
Mis à part ces lignes, finalement, la violence n'est pas où on l'attend. Il est vrai qu'elle s'y s'affiche dans le chapitre 3, mais comme la durée et la dureté de cette description brute et physique du snuff-movie, elle reste limitée dans le temps.
Non, j'ai ressenti, au-delà du « spectaculaire », une violence beaucoup plus pernicieuse... une agression psychologique et mentale qui se distille dans chacune des lignes de ce roman.
L'ignominie de la situation n'est pas dans le futur du narrateur (son meurtre) mais dans sa condition présente. « Puis sa mort au moins rapporte quelque chose », qui n'aura pas été donné à sa mère victime d'un long cancer non soigné, ni à son frère agonisant trois heures sur un terrain d'exercice à l'armée, ni à une vendeuse de spiritueux et à ses huit heures d'agonie.
La fin, que l'on espère gaie et « raisonnable », ne termine pas en sensationnalisme gore ou en revirement... Non, tristement, juste la réalité crue et triste. L'acteur va à la mort comme d'autres vont à l'usine. Après tout, qui se soucie de Rafael vivant?
Un livre touchant, plein de désespoir, mais qui parle aussi de l'espoir par trop abusé depuis que l'humanité pense tout savoir et tout connaître, alors qu'elle manque d'empathie ou de simple compréhension. Est-ce pour Rafael héros de papier que l'on a de la peine, ou bien pour soi pauvre lecteur dont le poil s'est un instant un peu hérissé?
Ce roman n'est pas, et de loin, aussi simple et innocent qu'il y paraît.
À propos de ces films très controversés, lire l'excellent article de Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Snuff_movie.
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Christiane Mélin
(332 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : 10/18 , 2005, 190 p. , ISBN : 2264039442
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| | Date :
7/1/2006
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Mcdonald, Gregory
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Rafael s'apprête à vivre ses trois derniers jours. Il a fait une affaire. C'est sûr. Une avance de 250 dollars et un montant total de 30 000 dollars! Avec ça, sa famille va pouvoir s'en sortir.
Rafael est alcoolique et analphabète. Il vit aux abords d'une décharge, à Morgantown, avec sa femme, ses trois enfants et une petite communauté de rejetés sociaux. Rafael vient de vendre sa vie pour un snuff movie. Il avait toujours cru que son existence ne valait rien, mais ce sacrifice va rapporter gros à ses survivants.
Malgré la violence des propos tenus par le réalisateur par rapport au déroulement de la scène du film, Rafael n'a pas fait demi-tour. Il veut le meilleur pour sa famille, car il sait qu'ils peuvent s'en sortir. Il leur manque juste un peu d'argent pour s'intégrer à cette société qui ne veut pas d'eux.
Les mots de l'auteur sont durs quand il décrit le snuff movie, mais le récit est encore plus dur. Les conditions de vie de cette « communauté » sont inconcevables et pourtant elles existent vraiment. Le mot espoir ne fait plus partie du vocabulaire de la plupart d'entre eux, excepté pour Rafael depuis qu'il a « signé » le fameux contrat. Le seul refuge, c'est l'alcool. Cet ami qui panse les blessures (au propre comme au figuré) et qui aide à surmonter la souffrance d'une vie sans avenir.
Ce qui m'a le plus dégoûté dans cette histoire, c'est la facilité avec laquelle le gros réalisateur s'est joué de ce pauvre type. Il le vole sans scrupule. Lui promet un avenir doré pour ses proches... et Rafael est le seul à ne pas se rendre compte de la supercherie. Il est honnête et pense faire une bonne affaire. Il pense mener la danse lors de la négociation alors qu'il n'est qu'un pion. Et pourtant le bonheur n'est pas loin. On sent toute l'émotion de cet homme lorsque pour une fois dans sa vie, il va pouvoir offrir des cadeaux à ses proches. Le regard que la société porte sur ces démunis fait froid dans le dos.
Un roman qui fait réfléchir.
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Valériane Petit
(57 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
6/1/2006
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Livre(s) de Gregory McDonald critiqué(s) sur le Guide
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En ligne : 30852 visiteur(s)
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