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Ombres berlinoises. Voyage dans une autre Allemagne
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Terray, Emmanuel
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Intéressante, cette visite de trois ans à travers Berlin, commencée en 1988, est prétexte à nous faire découvrir (ou redécouvrir) des lieux mythiques. Rien n'échappe à la plume et à la réflexion d'Emmanuel Terray, pas plus les vestiges de la RDA que ses conséquences... qu'il ne fait qu'évoquer, avec toutefois une réflexion intéressante sur les complexes monstrueux de la Normannenstrasse qui, inexorablement, aboutit à ces camps « provisoires » ou non et, curieusement pour le travail de mémoire, ne furent souvent fermés qu'entre 1946 et, plus tard, jusqu'en 1989... des camps d'Oranienburg qu'il décrit mieux, Sachsenhausen renommé « camp n° 7 » et le triomphe de la désinformation.
Une mention de la commission Glauk face aux procès de Nuremberg... et la constatation de ce que les erreurs et risques encourus par une amnésie trop rapide risque de provoquer.
Mais cette promenade « à l'ombre » de bâtiments et de verdures reposantes se fait avant tout culturelle, et l'on découvre une Allemagne moins connue, celle des « grands des Arts, musicaux, architecturaux, littéraires, etc. » et politiques...
Entre autres : Goethe, Karl Pracht, Rückert, Körner, Uhland, Kleist, Gerhard Hauptmannle, Max Liebermann, Hans Pfitzner, Hugo von Hofmannsthal, Theodor Däubler, Ernst Cassirer, Adolf von Harnack, Ulrich von Willamowitz-Möllendorff, Ursula Mattheuer-Neustadt, jusqu'au chanteur dissident Wolf Biermann, ainsi que le baron Georg von Kleist pour qui l'admiration ne tarit en rien.
Il lui consacre un très long passage du livre. Avec les Spartakistes, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht soutenus par tout un peuple en révolution et pas de palais, l'auteur approche tout un pan de l'Histoire que l'on s'échine à l'école à nous faire oublier trop facilement.
« Le séculaire échec allemand à l'école de la désobéissance a fait du centre de l'Europe un foyer de maladie, et laissé l'Est seul avec la révolution. L'Europe a payé cela de deux guerres mondiales, et de cette catastrophe dont le symbole est Auschwitz. Nous vivons avec les conséquences. »
L'Allemagne, pour Emmanuel Terray, n'est pas seulement fantomatique et brutale, c'est aussi et au travers d'une ville symbole, la capacité à se retrouver, de rebâtir parfois sans discernement mais avec lucidité, du « fonctionnel, sans renier pour autant l'art et ses serviteurs. Une dichotomie que l'on ne peut qu'analyser.
Enfin de la capacité à se respecter en tant que citoyen d'une nation nouvelle et renouvelée. Le rêve d'un monde nouveau bâti sur les pires ruines de l'Europe du XXe siècle.
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Christiane Mélin
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Genre : Voyage et Tourisme
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, 266 p. , ISBN : 2738104002
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| | Date :
1/1/2006
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