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Myst II - Le livre de Ti'ana
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Miller, Rand et David Wingrove
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Les cent premières pages du tome II de la série sur Myst décrivent les travaux entrepris par le peuple D'ni, qui vit au centre de la Terre et qui creuse tout un réseau de tunnels afin d'accéder à la surface. Le but est de savoir s'il y a des êtres vivants à l'extérieur et, peut-être, de prendre contact. Rien n'est épargné au lecteur : description des machines utilisées pour le forage, analyse détaillée de tous les types de minéraux rencontrés, explications sur la manière dont le peuple D'ni obtient un matériau nouveau à partir des résidus des excavations qu'il recycle. Pratiquement chaque tournant du labyrinthe de couloirs, de tunnels, de cavernes creusés pour accéder à la surface de la Terre est décrit avec minutie, pour finir par une décision du Conseil des anciens de ne pas sortir à l'extérieur une fois la surface atteinte! Le peuple D'ni termine toujours ce qu'il a commencé, on terminera donc les travaux, mais la tradition qui règne depuis des millénaires prévaudra et aucune tentative de contact n'aura lieu. Une fois arrivés à la surface, on bouchera la sortie et chacun rentrera chez lui, dans la ville souterraine du peuple D'ni.
J'ai presque perdu patience et abandonné... mais je savais - j'avais lu la quatrième de couverture ;-) - que ce livre devait me raconter l'histoire d'Anna, mère de Gehn, grand-mère d'Atrus (personnage principal du jeu Myst). J'ai donc persisté... Cent pages, c'est long quand on ne comprend pas tout ce qu'on lit et surtout qu'on n'y trouve pas un très grand intérêt. Mais cela en valait la peine... C'est à partir de là que nous faisons la rencontre d'Anna, une très jeune femme qui vit seule avec son père, en plein milieu du désert, au pied d'un volcan, dans une faille naturelle qui contient des grottes qu'ils ont transformées en abris pour se protéger du soleil impitoyable. Le père d'Anna est... géologue, et elle partage sa passion. Sa mère est morte il y a longtemps déjà et Anna est heureuse, seule avec son père. Ils passent leurs journées à travailler. Au cours d'une expédition de reconnaissance, Anna sent un courant d'air en passant devant un mur de rochers sur les flancs du volcan. Avec l'aide de son père, elle travaille pendant quelques jours à élargir l'ouverture, jusqu'à ce qu'elle soit juste assez grande pour qu'elle puisse s'y introduire. Elle découvre une caverne tapissée d'un matériau inconnu. Elle voit aussi un tunnel... Elle retourne vers son père après avoir récolté des échantillons des matériaux trouvés et ils passent plusieurs semaines à les étudier et à les soumettre à tous les tests connus, sans parvenir à les identifier, ce qui, pour des scientifiques, est impossible! Puis le père d'Anna tombe malade et meurt. Anna sait bien qu'elle ne peut pas vivre entièrement seule dans la faille et c'est le coeur lourd qu'elle charge sur un chariot tout ce qu'elle possède et s'apprête à quitter le désert. Elle ne peut toutefois se résoudre à quitter ces lieux sans faire un détour pour revoir une dernière fois le lieu de la grotte... Elle cache son chariot avec son contenu dans un creux de rochers à deux heures de marche de l'entrée. Elle sait bien que c'est imprudent, mais elle s'aventure seule dans la grotte d'abord, puis dans le tunnel. Au bout d'un moment, elle arrive dans une caverne qui contient d'immenses machines qui paraissent abandonnées depuis longtemps. Fascinée, elle les examine puis découvre d'autres tunnels dans lesquels elle s'aventure. Personne ne s'étonnera qu'elle s'y perde rapidement!
La suite est passionnante. Anna errant dans les tunnels a été découverte et faite prisonnière. Pendant quelques mois, la Guilde des linguistes lui a appris la langue D'ni. Ceux qui la considéraient au début comme un petit animal sont stupéfaits par son intelligence et la rapidité avec laquelle elle apprend leur langue. Lorsqu'elle est capable de s'exprimer couramment en langue D'ni, Anna est escortée hors de sa prison et emmenée en bateau sur un lac souterrain, jusqu'à la ville du peuple D'ni, qui l'éblouit. Le Conseil des anciens, qui prévoyait interroger un petit être sans intelligence, avait l'intention de l'expédier dans un âge carcéral afin qu'on l'y oublie. Mais voilà que cet « être » parle leur langue et s'exprime avec une grande maturité. Le jeune Atrus (à cinquante-cinq ans, on est jeune quand l'espérance de vie dépasse trois cents ans) ne peut se rallier à l'avis du Conseil. Il obtient l'aide de son père et Anna est autorisée à vivre au sein du peuple dans la famille d'Atrus. Cette solution est loin de plaire à Véovis, le meilleur ami d'Atrus. Fils de Prince, destiné à diriger un jour le peuple D'ni, Véovis est résolument conservateur (c'est un fondamentaliste de droite!), il n'acceptera jamais Anna. Aussi, lorsqu'Atrus demande au Conseil l'autorisation d'épouser Ti'ana, le Conseil accepte avec joie, mais Véovis oppose son veto. C'est la rupture entre les deux amis.
La suite de ce roman très complexe parle d'amitié, de mensonges, de complots, de confiance, de vengeance, de mansuétude. La fin du roman laisse perplexe. La présence de Ti'ana a précipité tout un cycle d'événements qui se sont terminés par l'anéantissement du peuple D'ni. Seule survivante avec son fils Gehn, Anna retrouvera le chemin de la surface, grâce au carnet de notes d'Atrus qui a dessiné les plans du réseau souterrain. Elle retrouvera son chariot, là où elle l'avait caché des années auparavant et retournera à la faille pour y élever son fils. Mais Gehn enfant a été le témoin des événements entraînant la chute de son peuple et devenu adulte, il rendra sa mère responsable de cette catastrophe. À tort ou à raison? Il est difficile de rendre un verdict et c'est souvent la force des romans de science-fiction. Mise à part la partie scientifique, on trouve fréquemment dans ce genre d'histoire un dilemme moral qui, tout comme dans la vie, décrit une situation où tout n'est pas entièrement noir ni entièrement blanc.
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Libellule
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Genre : Science fiction et Fantaisie
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Édition : J'ai lu, 1997, 381 p. , ISBN : 2290044555
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| | Date :
4/1/2005
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