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Oster, Christian
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Du tout grand art. En vrac, dans mes (modestes) références : Roland Jaccard, Camus, et - tenez-vous bien - Proust. Mais un Proust élagué au scalpel. Vous me suivez?
« ...À huit heures, nous nous levâmes. Nous déjeunâmes. Nous nous lavâmes, puis nous nous vêtimes. J'emboîtai, botté, le pas à Jean... »
Il vient de dire adieu à son amie Anne (au début de l'histoire). Elle est fleuriste, il quitte le magasin :
« ...Une manière d'épilogue, en somme, auquel je mis fin en tournant les talons. Jusqu'à la porte, me dis-je alors, tu ne te retournes pas. J'atteignis la porte. Maintenant tu longes la vitrine, me dis-je. Cinq mètres, c'est pas le bout du monde. Et, au troisième mètre, je me retournai. Mais, je le signale tout de suite, c'était exprès. J'avais changé d'avis. Pas de raison, m'étais-je dit au troisième mètre.
Aucune raison qu'au prétexte qu'une femme m'abandonne comme un chien je ne m'offre pas l'ultime souffrance de lui dédier un regard. Et je la regardai, donc. Et ça me fit mal. D'autant plus que, déjà, elle ne me regardait plus. »
Luc Gavarnie rentre chez lui. Il a oublié ses clés. Il les a même perdues. Avec la serviette les contenant. De l'hôtel, il entend un message sur son répondeur. D'une certaine Marge, une ancienne amie. Qui lui fixe rendez-vous à la piscine. Marge n'est pas là, ou du moins, il ne la reconnaît pas. Il est foudroyé à la vue d'une jeune femme. Elle attend un enfant. Cela tombe bien : lui aussi. Il l'accompagne en train à V., où elle doit retrouver son frère. Dans le train, le travail se déclenche, et l'accouchement a lieu à l'hôpital en sa présence. Suit une superbe description de l'accouchement, vu du côté du faux papa. Le frère, Jean, est le gardien d'un gouffre. Je suppose que c'est en Dordogne. Luc devient guide dans le gouffre, lui qui n'y a jamais mis les pieds.
De page en page, on est entraîné dans le symbole : la piscine, la naissance, le gouffre... Quant à l'appartement, on n'y entre à aucun moment. Si j'étais prof de français, je donnerais ce livre à analyser.
Une écriture millimétrée fait de ce livre une perle rare.
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Guy Capelle
(559 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Minuit double, 254 p. Prix Médicis 1999
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3/1/2007
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