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La Belgique. Le roman d'un pays
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Roegiers, Patrick
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J'adore quand un auteur nous laisse découvrir son opinion, même si l'ouvrage qu'il écrit est un documentaire historique. Chacun est libre d'être d'accord ou pas, surtout si on retrouve dans l'ouvrage des éléments qui nous permettent de nous faire notre propre opinion. Georges Bordonove fait cela dans ses biographies historiques, et c'est sans doute ce que j'aime le plus. Grâce à lui, je suis tombée éperdument amoureuse de Foucquet, surintendant des Finances de Louis XIV, et je l'ai désespérément cherché dans toutes les pièces de son château, que j'ai visité de fond en comble!
Dans ce livre sur la Belgique, Patrick Rogiers ne cache pas ses sentiments, que ce soit pour Charles Quint :
« Né à Gand en 1500 et parlant le flamand. Menton en galoche, mâchoire tombante, regard de bovidé, il est éternisé dans son armure d'apparat par Titien, en 1533, alors qu'il est l'homme le plus influent du monde. [...] Soiffard et ripailleur, qui festoyait de pâtés, que piochaient ses doigts gourds, et bâfrait sans mâcher, asthmatique et quinteux, souffrant d'hémorroïdes, d'épilepsie et de goutte [...], Charles Quint, au faîte de sa toute-puissance, abdique à 55 ans, usé par la vie. » (p. 28-29)
On voit sur la même page le portrait par Titien, et bien que pas très joli, je ne le trouve pas aussi horrible que l'image qu'en dépeint l'auteur. Pourtant, je ne pourrai jamais trouver Charles Quint sympathique après une telle description!
Quatre pages plus loin, l'auteur nous décrit le peintre Rubens :
« Né en 1577, à Siegen, en Westphalie, Pierre Paul Rubens arrive à 10 ans à Anvers, qui est alors l'une des plus grandes villes du monde et un centre artistique de haut niveau. Secret et flamboyant, sensuel et pieux, aussi ambitieux qu'érudit, courtisan habile, diplomate avisé, cavalier intrépide, collectionneur avide, et avant tout débordant de vie, il défie le succès par l'exubérance baroque de ses toiles. À l'opulence orgiaque des femmes et des mâles à l'athlétique membrure répondent l'embrasement luxuriant des motifs, la surenchère des tons - y compris le violet, teinte rare! -, la plénitude des formes, la turbulence du mouvement, la magnificence des vêtements. » (p. 32)
Et ça continue sur le même ton à la page 33, vous irez le lire!
Quel plaisir que de lire un livre documentaire et de s'arrêter pour se dire : que c'est beau, quel vocabulaire, et prendre conscience du pouvoir des mots qui nous font aimer ou trouver moins attrayant quelque chose ou quelqu'un qu'on n'a jamais vu, ou jamais connu... pour moi, c'est bien plus fort qu'une photo ou une image... images dont le livre est d'ailleurs rempli et qui sont extrêmement bien choisies.
L'histoire de la Belgique, racontée avec érudition et humour dans un français plus qu'impeccable, complétée d'une iconographie riche comme toujours dans cette collection et qui font de cet ouvrage un bijou qu'il ne faut pas hésiter à s'offrir.
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Libellule
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Genre : Histoire, Géographie et Politique
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Édition : Gallimard, 2005, 160 p. , ISBN : 2070315401
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| | Date :
6/1/2005
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