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Casta , Stefan
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Ce roman avant tout est destiné aux grands adolescents. Il touche à des sujets délicats : l'amitié, la violence, la torture, l'usage de drogue, l'adoption.
La scène est longue et bouleversante, qui nous décrit ces jeunes autour d'un feu, emportés par l'alcool et le hasch. Kim, lui, refuse de fumer. Ses soit-disant «copains » lui « pissent dessus, le tabassent, le laissant pour mort ». Lorsque la police arrive, tous se taisent. Kim ne dit rien non plus. Il ne comprend pas ce monde dans lequel il vit. Comment l'homme peut-il devenir si violent ? Et le pardon, l'oubli, l'avenir ? Comment chacun va-t-il vivre désormais? Un thème très délicat qui réserve des passages rudes et difficiles, révoltants et repoussants. Un vocabulaire parfois très familier. Des scènes érotiques. Mais les ravages de l'alcool et de la drogue chez les jeunes sont tels qu'il peut être nécessaire de transmettre un message aussi cru.
C'est un livre qui interdit la tranquillité. Habilement, il nous entraîne dans une recherche de la vérité : vérité du récit, recherche d'une énigme très adroitement nouée, vérité intérieure du héros principal et des autres, mais il relate aussi une quête plus terrible, plus déchirante sur le plan moral car l'auteur renouvelle le thème : comment peut-on pardonner à ses bourreaux, à ces amis veules et misérables?
C'est une belle et dure histoire. Elle fait mal mais il faut l'entendre. Le récit court et s'enroule, avec des digressions rapides, des portraits, des jugements autour de son axe : le pardon, avec, pour modèle, celle que personne n'a oublié : Kim, la petite Vietnamienne, nue, brûlée au napalm.
Le style est plein d'images imprévisibles avec des coulées d'ombre et de lumière. Cela donne un roman très original, d'un tissu narratif à la fois simple et serré, où s'entrelacent la réflexion philosophique et sociale, des descriptions précises et un dialogue rapide.
Entrecoupé d'inserts mettant en scène les histoires, liées en cercle, des huit personnages, voilà un écrit qui devrait être placé entre bien des mains !
Un roman suédois dramatique qui nous plonge dans un contexte de violence. Il montre que la jeunesse de notre époque n'est pas forcément portée vers la solidarité, la tolérance, la différence.
Un texte fort pouvant inviter les adolescents, mais aussi les adultes, en fait, à réfléchir sur leurs comportements.
« Je n'éprouve pas le besoin de pleurer. Ce qui s'est passé ne m'a pas rendu triste. On pleure quand on perd un chat. Mais on ne pleure pas quand nos copains nous trahissent, quand ils nous tabassent, nous humilient, essaient de nous tuer et nous abandonnent dans la forêt. On est blessé. On est en colère. On se relève. On montre qu'on n'accepte pas. On ne peut pas faire autrement. Il faut se venger. Sinon, on coule. »
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Christiane Mélin
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Genre : Jeunesse
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Édition : Thierry Magnier, 2004, 255 p. 12 ans et plus
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| | Date :
8/1/2007
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