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Huston, Nancy
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Dieu, qui se prend sans doute pour un romancier, se livre ici au malicieux plaisir de nous montrer, au début de chaque chapitre, vers quel destin s'acheminent à leur insu treize convives qui passent ensemble une soirée de Thanksgiving dans l'Amérique profonde.
Quatrième de couverture : « Quelle espèce! Souvent à regarder les êtres humains accomplir leur destinée sur Terre, je me laisse emporter presque au point de croire en eux. Ils me donnent l'impression singulière d'être dotés de libre arbitre, d'autonomie, d'une volonté propre... Je sais bien que c'est une illusion, une notion saugrenue. Moi seul suis libre! Chaque tour et détour de leur destin a été planifié d'avance par mes soins; je connais le but vers lequel ils se dirigent et le chemin qu'ils emprunteront pour y parvenir; leurs effrois et leurs espoirs les plus secrets, leur constitution génétique, les rouages les plus intimes de leur conscience... Et pourtant, et pourtant... ils ne cessent de m'étonner. »
Mon jugement critique a été affecté surtout pas le traitement du sujet.
J'avais été séduite par la prémisse sur laquelle débute le roman : Dieu qui nous donne ses commentaires, qui se fait narrateur d'une de ses histoires « humaines » préférées. Cependant, peut-être ne suis-je pas dans un bon état d'esprit pour me faire rappeler la finitude de toutes choses! Surtout des humains. J'aime à croire que notre vie n'est pas qu'un faible gémissement d'agonisant dans l'univers... Sans pour autant m'imaginer en être le centre... Bref, je souhaitais plus de positif. La prose de Nancy Huston est très poétique. Les poètes ne sont-ils pas tous un peu sombres, nostalgiques et rêveurs?! Mais sa façon, particulièrement cruelle il m'a semblé, de faire état de nos malheurs humains... ne m'a pas plu. Je me prêterai à l'essai d'un autre roman de Nancy Huston, certainement. De son oeuvre émane une grande culture que j'apprécie et que je conseille.
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Stéphanie Racette
(26 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
11/1/2002
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Huston, Nancy
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Déprimés s'abstenir. Un repas pour Thanksgiving dans l'Amérique profonde. Douze personnages d'origines diverses réunis chez un poète alcoolique et névrosé. Sous le regard de Dieu qui nous livre ses impressions. Unité de temps et de lieu comme dans le théâtre classique. Le fatum ou la fatalité comme dans l'Antiquité. Nous sommes poussés par nos pulsions comme chez papi Freud. Un beau travail de sape de notre orgueil : il y en a qui se prennent pour les maîtres du monde. Sans doute parce que j'ai le même âge que les protagonistes, ce livre m'a fortement ébranlé. Suffisamment âgés pour ne plus nous faire trop d'illusions, nous ne sommes pas encore assez gâteux pour tout oublier et nous oublier sur notre chaise percée.
Extrait (C'est Dieu qui parle après la prière de Thanksgiving) « C'est touchant de leur part de vouloir m'inclure de temps à autre, même s'ils ont tendance à me faire à leur image. Ils croient, par exemple, que je les aime. Quel malentendu! Que pourrait bien signifier l'amour pour un être comme moi, omniscient et omnipotent? L'amour ne peut surgir que là où il y a failles, pertes, manques, faiblesses, myopie. À vrai dire, c'était un sous-produit imprévu de l'espèce humaine. Cela paraît évident, après coup - mais, allez savoir pourquoi, l'idée ne m'a même pas effleuré à l'époque : que si l'on fabrique des créatures physiquement et psychiquement imparfaites, elles auront tendance à s'épauler. Elles auront une soif inextinguible de totalité, un espoir indécrottable de se compléter les uns les autres. Seuls les êtres humains (et quelques animaux par eux apprivoisés) savent aimer. Peut-être est-ce cela qui me donne cette impression insolite qu'ils sont doués de libre arbitre, et qu'entre eux, indépendamment de moi, il s'échange quelque chose, cette chose qu'ils appellent amour... Je le devine dans leurs yeux... dans le contact de leur peau... dans le brouhaha incohérent de leurs paroles... Même s'il s'agit en fait d'une simple réaction chimique, reproductible en laboratoire, je trouve palpitant de les observer en me berçant de l'illusion qu'une chose, au moins, échappe à mon contrôle. »
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Guy Capelle
(559 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Actes sud, 497 p.
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| | Date :
9/1/2002
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Livre(s) de Nancy Huston critiqué(s) sur le Guide
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