|
|
|
|
|
Butterfly, Elisabeth
|
|
Sur les bord de Seine, le narrateur achète une édition rare à un bouquiniste; il s'agit d'un exemplaire de La physiologie du mariage d'Honoré de Balzac. Mais ce qui rend cet exemplaire particulier, c'est qu'il contient un passage crypté qui va aiguiser la curiosité de notre personnage. Il enquête donc sur Balzac et en vient à vouloir disséquer sa femme.
Cette histoire étrange est basée sur une grande connaissance de Balzac et de son oeuvre; tout au long du déroulement de la métamorphose de son personnage, l'auteur agrémente son récit de citations adéquates.
Un seul reproche : trop court!
Je ne connaissais pas cette auteur et l'originalité de son style, mais aussi de son histoire, devrait la faire sortir du flot des romans de la rentrée. À surveiller donc!
Extrait : pp. 13 et 14
J'aimerais décrire le mariage lors d'un cours de sciences naturelles, ainsi qu'on dissèque une grenouille, un rat ou un boa constrictor. Personne mieux que Balzac n'a résumé cette expérience, et parmi tous les verbiages, gossips et caquetages réunis, aucun n'égale cette phrase d'une simplicité désarmante : « Un homme ne peut se marier sans avoir étudié l'anatomie et disséqué une femme au moins. » Cet extrait de La physiologie du mariage règle délicieusement son compte à une convention séculaire, mais arbitraire. On y trouve tout l'art balzacien de la suggestion. Car il ne faut pas s'y tromper : son apparente bienséance dissimule une discrète invitation au meurtre.
Pour disséquer une femme comme le prône en effet l'auteur, il faut prendre un grand scalpel aiguisé ou un couteau de boucher, ouvrir son ventre d'un coup sec et plein d'allant, en la tenant par les pieds, comme une oie; puis dépecer ses membres gras et laiteux, tout en ayant soin de son coeur rougi palpitant peut-être encore. Vous pensez que j'exagère en prenant à la lettre une saillie littéraire, « un effet », comme il plaît tant aux romanciers d'en inventer. Eh bien! Je vais prouver le contraire. Car c'est ainsi que Balzac l'entendait : le mariage est bon pour les serial-killers. Il est la perte de tous les autres.
|
|
Christelle Divry
(832 critiques, cliquez pour les voir)
|
|
Genre : Fiction
| |
| | Date :
9/1/2003
|
ajoutez votre critique |
Livre(s) de Elisabeth Butterfly critiqué(s) sur le Guide
|
|
|
En ligne : 2817 visiteur(s)
|