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Dieu existe, je l'ai toujours trahi
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Verny, Françoise
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Voici le récit d'une sexagénaire, « star de l'édition » (selon ses propres termes), qui fait le point sur son cheminement spirituel pour conclure qu'elle a toujours cherché Dieu sans jamais le trouver. Après avoir lu cette longue auto-analyse, la tentation est forte de poser un diagnostic sur cette sorte d'échec que l'auteure s'attribue avec un sincère désarroi. Bien des grands auteurs (pensons à Yves Girard), et Jésus lui-même, nous rappellent que trouve Dieu celui qui passe par un chemin d'humiliation (et non seulement d'humilité) et de souffrance. Françoise Verny a grandi et a passé sa vie dans un milieu intellectuel où elle semble d'ailleurs s'intégrer parfaitement. Les noms connus et moins connus dont elle émaille son récit en témoignent à satiété. Elle a volontairement épousé un monde de concurrence d'où elle ne souhaite ressortir que victorieuse. « À soixante-deux ans, je ne renonce ni à la réussite, ni à l'argent, ni à la compétition. [...] Au risque de maintenir Dieu entre parenthèses. » Image édifiante : au fil de ses souvenirs, l'auteure nous confie qu'à 26 ans, elle était encore vierge : « Cela ne m'empêchait pas de tomber amoureuse, d'échanger des baisers passionnés, des lettres enflammées. [...] Mais crainte et maladresse jointes, je ne me suis jamais engagée dans une aventure charnelle. Avec les uns et les autres, je me suis toujours arrêtée aux frontières du "romanesque". » Curieux comme le rapport à la chair peut refléter le rapport à l'esprit. Ainsi, on peut pendant parler de la foi pendant toute sa vie, mais dire n'est pas vivre; se laisser fasciner par l'eau n'est pas plonger, voilà tout le drame. « Claudette Guilpin m'a interrogée sur l'Éternel. J'ai bafouillé une réponse incertaine, mais pendant une heure, nous nous sommes entretenues de la transcendence. » Fréquenter des croyants et lire des saints n'arrange rien à l'affaire, quelque admiration qu'on puisse leur porter (l'admiration étant une façon d'éviter la rencontre de soi et de l'autre). Le soussigné ne s'attribue certes pas une feuille de route plus fructueuse, mais comme lecteur, il a constaté dernièrement qu'il est beaucoup plus inspirant de lire celui qui a trouvé Dieu avec son coeur que celle qui le cherche toujours avec sa tête.
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François Lavallée
(210 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Faits vécus
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7/1/2002
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