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Dans un gant de fer, tome 1 et 2
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Martin, Claire
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Pour mes Pâques, j'ai lu ces deux livres édifiants sur la façon de ne pas élever ses enfants. Claire Martin, dont j'ignorais l'existence il y a trois jours, écrit un français très classique, un brin suranné, avec pas mal d'expressions de la « belle province ». Elle est née en 1914 et devrait donc, si elle vit toujours, avoir atteint l'âge respectable de 91 ans.
Elle commence par : « J'ai tout pardonné. Pourtant, quand j'avais vingt ans, si l'on m'eût dit que je pardonnerais, et facilement encore, mon dépit eût été grand. J'y tenais à ma haine. »
Cela commence fort, avec deux imparfaits du subjonctif, et la haine vouée à son père.
Des imparfaits, on en trouve tout le long du livre. De la haine aussi. Son père se révèle un parfait tyran domestique, bigot, avare, brutal, égoïste et menteur, à se demander même si un tel personnage est imaginable.
Ce livre a présenté pour moi un double intérêt :
1. Connaître (un peu) mieux la littérature du Québec.
2. Découvrir que la bigoterie se rencontre sur tous les continents.
Les portraits de religieuses sont écrits au vitriol, et j'aime cela. L'auteur écrit quelque part que si elle n'est pas devenue frigide, ce n'est sûrement pas grâce à son éducation. Je reste assez pantois devant la haine du corps enseignée par la religion catholique, qui est celle que je connais pour l'avoir fréquentée. Depuis lors, nous avons perdu le contact.
Et pour le style, quelques petites pépites, comme on n'en rencontre pas en Europe :
« La bonne soeur, qui voulait s'aller coucher. »
« [...] jusqu'à ce que les pas de mon père ébranlassent l'escalier. »
« Je n'étais vraiment pas endurable. »
« Nous restions en méfiance. »
Les noms des religieuses, le plus beau étant mère Saint-Frumence. Cela ne s'invente pas. Et bien sûr, les placoteuses.
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Guy Capelle
(559 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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3/1/2005
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