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Comment voient les aveugles?
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Hervé, Jane
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Ce traité s'adresse évidemment avant tout aux voyants, mais aussi aux proches, familles et amis de gens handicapés de la vue, que ce soit par cécité complète ou par malvoyance.
Il vient bousculer beaucoup de préjugés, et apporte des
informations pertinentes.
Préjugés de ce qu'un tel handicap isole du monde : eh bien non, il renforce tous les sens restants et permet beaucoup d'audaces dans tous les métiers, écrivains, juristes, avocats, juges, kinésithérapeutes, musiciens (j'allais dire « bien sûr »), photographes (au moins un à succès : Evgen Bavcar, « le photographe de l'invisible »), comédiens, chanteurs, artistes de presque tous les domaines... il paraît d'ailleurs que près de 48 % des élèves des Beaux-Arts sont à des degrés divers malvoyants! Des informaticiens, politiciens, journalistes dans tous les médias, documentalistes, libraires, psychologues, médecins (de ceux qui continuent après une maladie ou un accident). Des sportifs, souvent de haut niveau, basketteurs, randonneurs, varappeurs, skieurs, plongeurs sous-marins... des aventuriers alpinistes (y compris sur des trekkings audacieux pour tous : combien de fois les cimes comme le mont Blanc ou plus?), des parachutistes ou pilotes (toujours « guidés », mais pas tant que ça après tout, ils sentent souvent ce à quoi le voyant ne fait pas attention).
Et... inactifs. Parce que souvent les reclassements ne sont pas programmés ou coûtent trop cher. Ou parce que des parents ne cherchent pas l'aide nécessaire et ne l'offrent pas à un enfant non voyant.
Tous les aveugles sont-ils des génies? Non, ils sont comme
n'importe quel être humain, avec leurs faiblesses, leurs lâchetés et leurs grandeurs. Ils se mettent en rogne comme tout le monde, sont heureux, amoureux et pour beaucoup, parents. Ils se font des amis, mais rarement reviennent vers celles ou ceux qui ont déçus. En un sens, plus entiers de caractère que les non-handicapés...
Ce qui les rend le plus triste, et je partage cet avis, c'est que les voyants ne comprennent pas ou le font sans malice, peut-être parce qu'on aborde le domaine qui effraie : ne pas voir autour de soi. D'où des comportements complètement incohérents, de « parents poules » qui vous lâchent justement là où tout se complique; une bordure de trottoir ou un escalier n'a rien de comparable avec une ville inconnue, par exemple. Ou se faire guider au centre d'un endroit à risques et se faire lâcher un peu « au milieu de nulle part », les agressions sont fréquentes parce que justement c'est « sans risque »... Ou demander son chemin pour se faire jeter.
Amusant aussi ce vieux métier du Moyen-Âge, où dans les rues
noires et sans éclairage public, les voyants louaient les
services d'aveugles pour les guider. D'ailleurs, lors de grosses pannes de courant, les aveugles sont de ceux qui aident les voyants paumés. Une escouade des sapeurs pompiers de Paris a une formation dispensée par des aveugles pour apprendre à se déplacer sans voir au milieu des fumées...
L'auteure a raison, il faut prouver à tout instant, montrer, pour occuper un même poste à qualifications égales, que l'on est meilleur que le voyant. Un handicapé, que ce soit de la vue ou finalement de toute autre faculté, se doit d'être intellectuellement au-dessus de tous. C'est là que commence la discrimination.
Heureusement, la vue n'est pas si importante, et le pire des handicaps restera à jamais celui de la compréhension, du bon sens et surtout du coeur : c'est un carcan bien pire que tous ceux qu'imposent les limitations, encore qu'à beaucoup de choses près, tout se transcende et se dépasse, sauf la bêtise!
Livre facile à lire, sans trop de références techniques, un très bon livre, je crois à ce jour pas encore égalé.
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Christiane Mélin
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Genre : Psychologie et Sociologie
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Édition : Ramsay, 327 p. , ISBN : 2859568395
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| | Date :
9/1/2005
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