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Vachon, Hélène
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Il y est question, entre autres...
- d'un thanatologue qui retarde toujours son travail en lisant d'abord une heure ou deux... au cas où le corps qu'on lui a livré ressusciterait...
«Je me présente. Je suis un homme, j'ai 46 ans. [...] Dernier détail et non le moindre: je suis beau, mais de dos seulement. [...]De dos, c'est tout simple, je suis quelqu'un, constat à la fois réjouissant et triste si l'on songe qu'il est pour ainsi dire impossible de vivre du mauvais côté, qu'il arrive toujours un moment où il faut se retourner et que c'est en de telles occasions que je perds une bonne partie de mes moyens.»;
- des femmes...
«[...] on ne sait jamais pourquoi elles vous aiment.[...] Ou alors c'est pour la semence. Elle est sans prix aujourd'hui. Avec cette pluie de morts qui inonde la planète, ce manque à gagner qui dépeuple et déprime au point qu'il faut cloner des modèles existants, je sens chez mes comparses féminines une redoutable frénésie de reproduction. Je suis fils unique, on ne m'a pas appris à partager. L'idée de me départir d'une parcelle de moi-même m'angoisse. On passe sa vie à s'éparpiller. Sueur, larmes, excréments, à un certain moment tout vous déserte, l'intégrité est mise à rude épreuve.»;
- de ce qui ne peut pas durer toujours (l'Homme)...
«L'immeuble où je vis est habité des pieds à la tête par de vieilles choses tranquilles. Tout le monde ici a au moins cent dix ans. En haut de chez moi vit la très vieille et insonore Mme Le Chevalier. Je l'aime énormément. Elle a un je ne sais quoi qui vous fait haïr le neuf. Elle est tellement plissée et toute en muscles mous que c'est à se demander pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt. [...]»
Et puis, notre thanatologue philosophe va rencontrer, par des entrelacs de coïncidences, un pianiste encore plus solitaire que lui (le pianiste, il n'a jamais connu de femme... ce qui s'appelle «connu»...). Hu, pianiste déchu, souffre d'une maladie qui l'empêche désormais d'exercer son art. Ainsi, il ne lui reste plus rien au monde, car il avait tout misé sur sa carrière. Voilà un moment idéal pour s'intéresser aux autres, ou plutôt, à un autre, tellement différent, à un croque-mort qui hésite entre l'amour de deux femmes, Zita et Clotilde, à cet embaumeur qui accompagne une vieille dame au parc afin qu'elle peigne...on ne sait trop quoi...on ne peut pas voir par le regard des autres...
Attraction terrestre n'a pas déclassé le livre que j'emporterais sur une île, mais si j'avais suffisamment de place dans mes poches (ou entre mes dents), il aurait ses chances... Pour ses passages ironiques et frisant l'absurde que côtoie une grande tendresse, pour son humour parfois caustique.
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Geneviève Lemay
(11 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Alto, 2010, 344 p.
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7/1/2011
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Vachon, Hélène
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Dans ce roman, il est question entre autres...
- d'un thanatologue qui retarde toujours son travail en lisant d'abord une heure ou deux... au cas où le corps qu'on lui a livré ressusciterait...
«Je me présente. Je suis un homme, j'ai 46 ans.(...) Dernier détail et non le moindre: je suis beau, mais de dos seulement. Comme si la nature s'était trompée de côté, avait confondu l'avant et l'arrière dans un funeste moment de distraction.»;
- des femmes...
«...de toute façon, je dors de biais. Mais c'est pour les femmes, je reparlerai des femmes, ça ne va pas du tout de soi, c'est un surplus qu'il faut assumer, on n'a pas le choix. Sans compter qu'on ne sait jamais pourquoi elles vous aiment. (...) je sens chez mes comparses féminines une redoutable frénésie de reproduction. Je suis fils unique, on ne m'a pas appris à partager. L'idée de me départir d'une parcelle de moi-même m'angoisse. On passe sa vie à s'éparpiller.»;
- de ce qui ne peut pas durer toujours (l'Homme)...
«L'immeuble où je vis est habité des pieds à la tête par de vieilles choses tranquilles. Tout le monde ici a au moins cent dix ans. En haut de chez moi vit la très vieille et insonore Mme Le Chevalier. Je l'aime énormément. Elle a un je ne sais quoi qui vous fait haïr le neuf. Elle est tellement plissée et toute en muscles mous que c'est à se demander pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt.»
Et puis, notre thanatologue philosophe va rencontrer, par des entrelacs de coïncidences, un pianiste encore plus solitaire que lui. Hu, pianiste déchu, souffre d'une maladie qui l'empêche désormais d'exercer son art. Ainsi, il ne lui reste plus rien au monde, car il avait tout misé sur sa carrière. Voilà un moment idéal pour s'intéresser aux autres, ou plutôt, à un autre, tellement différent, à un croque-mort qui hésite entre l'amour de deux femmes, Zita et Clotilde, à cet embaumeur qui accompagne une vieille dame au parc afin qu'elle peigne...on ne sait trop quoi...on ne peut pas voir par le regard des autres...
Attraction terrestre n'a pas déclassé le livre que j'emporterais sur une île (Nous sommes éternels de Pierrette Fleutiaux), mais si j'avais suffisamment de place dans mes poches (ou entre mes dents), il aurait ses chances... Pour ses passages ironiques et frisant l'absurde que côtoie une grande tendresse, pour son humour parfois caustique, et particulièrement pour cette scène où le pianiste solitaire met en présence les deux femmes aimées du thanatologue. «Bravo!» me suis-je dit.
Les livres permettent cela... mettre à nu les hypocrisies de la vie, quand on prétend qu'un coeur ne doit jamais en aimer qu'une à la fois...
Attraction terrestre, absurde? Je dis encore: bien plus vrai que la vie quand on refuse ses paradoxes et ses subtilités.
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Geneviève Lemay
(11 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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| | Date :
3/1/2011
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Livre(s) de Hélène Vachon critiqué(s) sur le Guide
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