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Ellroy, James
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Dallas, 22 novembre 1963, le président des États-Unis, John Fitzgerald
Kennedy, est assassiné.
Un jeune flic arrive à Dallas avec une exécution à réaliser, payée par la
mafia. Mais sans le savoir, il va ce jour-là vivre une page d'Histoire.
L'intrigue embarque ensuite dans les coulisses du pouvoir américain jusqu'au
4 juin 1968, mort de Bobby Kennedy, frère de JFK.
Autant le dire tout de suite, Ellroy est tout simplement incroyable, et
l'histoire tout autant. À la lecture du roman, on est frappé par une multitude
de choses. Le style tout d'abord. Ceux qui ont lu White Jazz se rappelleront
un style très saccadé, presque télégraphique. Ellroy emploie ici le même
procédé. Les phrases sont réduites à leur plus simple expression, et bien
rare les fois où elles dépassent une ligne de longueur. Pas de sentiments,
pas de verbe d'état. Que de l'action, que du mouvement. J'avoue que cela
peut être assez déroutant à lire au commencement. Mais cela projette le
lecteur dans l'histoire comme il est bien rare de le faire. Le lecteur est
complètement drogué par cette écriture très percutante, il est littéralement
emporté à 200 à l'heure par le tourbillon des évènements. Et le livre fait
plus de 850 pages. Et cela sans que l'auteur ne s'embête avec des
descriptions, des états d'âmes et des phrases pompeuses. C'est dire la
densité de l'histoire. Le style sert complètement donc l'uvre qui n'aurait
jamais pu être aussi fouillée, aussi précise, aussi riche sans une écriture
si impulsive. C'est comme si l'auteur avait fait publier le brouillon de son
uvre. Comme s'il avait pris la peine de mettre en forme chaque mouvement,
mais sans les transformer en phrase, en une construction classique.
L'histoire, voilà quelque chose qui, à nouveau, frappe le lecteur. American
Death Trip est la suite directe d'American Tabloïd, et la digne suite car
l'histoire est toujours aussi fournie. On suit les coulisses américaines sur
moins de 5 ans, seulement, mais on a vécu tant de choses que l'on est sur le
point d'exploser en permanence. On est sur la brèche tout autant que
l'auteur lui-même.
Et que dire du thème lui-même? Ellroy a chassé ses démons avec tous ses
romans policiers, a évacué le traumatisme de la disparition de sa mère quand
il était enfant avec Ma part d'ombre et continue maintenant sa trilogie
Underworld USA, où il prétend réécrire l'histoire des USA pour les
descendre du piédestal sur lequel ils sont placés. Il avait commencé la
trilogie par ces termes : « L'Amérique n'a jamais été innocente. » Tout un
programme. Il mêle dans son roman avec une dextérité incroyable les éléments
historiques et de fiction. JFK, Robert Kennedy, Martin Luther King, Cuba,
le Viêt-Nam, le FBI et John Edgar Hoover, la CIA, la mafia et j'en passe.
Quand à la fiction : Wayne Tedrow Jr. Ce personnage, à lui seul, sans parler
de vieilles connaissances du premier tome, est LE personnage qui représente
le mieux les États-Unis : celui qui perd son innocence : il passe de flic à
assassin, il découvre tous les dessous du pouvoir...
De plus, on retrouve des thèmes chers à Ellroy, je dirai même
incontournables, comme ces deux belles femmes, Barb et Janice, toutes deux
pierres de touche de nos caïds.
Impressionnant de la première à la dernière page, American Death Trip est
un livre tout à fait extraordinaire, où avec un aplomb incroyable l'auteur
n'hésite pas à présenter son pays, à présenter ses personnages, même ses
héros, sous un jour bien peu reluisant. Un roman dont le style emporte le
lecteur dans une ivresse dont il ne ressortira pas.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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avant 2001
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