« Les miliciens jettent les enfants contre les murs. »
Ce livre est une bombe !
La mère, Nawal, meurt. Elle demande sur son testament, aux enfants Simon et Jeanne, de retrouver leur grand frère et leur père.
Cette pièce de théâtre commence tout doux avec les gros mots de Simon, mais c'est une bombe.
Il laisse le lecteur désemparé, écartelé par mille questions.
Désemparé par la violence des miliciens, de la guerre : l'homme n'est pas un loup pour l'homme, c'est une machine dressée par une religion, une politique ou un exemple, pour tuer sans distinction d'âge, de sexe, de parenté.
La guerre est une bombe qui dévaste des familles ;
ce livre est une bombe qui dévaste, déconstruit son plan d'écriture ;
ma critique, que j'essaie de chiader un minimum d'habitude, eh bien là, je la laisse à vif, à l'emporte-pièce et sans organisation, explosée comme une bombe. Je vous laisse mes impressions brûlantes telles quelles...
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Mouawad nous livre ses tripes. Je trouve que son talent est de noyer l'horreur dans l'humour, c'est-à-dire dans le caractère bougon de Simon.
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Flash back : « Nawal, tu ne peux pas garder ce bébé, tu n'es pas mariée, les hommes vont te tuer ; alors tu t'enfuis ou nous te cachons, nous, les femmes, et l'accoucheuse emmènera ton bébé. »
Bien plus tard. D'après les gros mots de Simon, le fils, nous sommes au Québec. Le notaire convoque les enfants de Nawal, Simon le boxeur, et Jeanne la prof de maths. Nawal, 64, vient de mourir. Nawal a fait une promesse à sa grand-mère mourante.
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C'est une drôle de pièce de théâtre, avec
des inter-pénétrations de dialogues,
avec des inter-pénétrations de dates (des flash back ),
avec des gros mots québécois de la part de Simon, le fils,
des discours très Asperger de la fille Jeanne, prof de math,
et tout ça avec le notaire, qui, au milieu de ces deux excités, essaie de calmer le jeu,
mais en même temps, apparaît Nawal, la mère, au milieu des miliciens, quand elle avait 19 ans...
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Ça se lit facilement, malgré le bazar et la déconstruction voulus dans les dialogues entre Simon et Jeanne, … Jeanne qui veut retrouver son père en retraçant le chemin de sa mère d'une part, alors que surgit la discussion entre Nawal et Sawda qui, des années auparavant, subissent la guerre civile de plein fouet. Nawal cherche son premier fils qu'on lui a volé à la naissance : c'était ça ou la mort, car avoir fait l'amour sans être mariés n'était pas permis dans son pays, le Liban.
Alors, en compagnie de Sawda, elle recherche son fils.
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Plus tard, prisonnière à Kfar Rayat, quand elle découvre la vérité sur son premier fils volé, Nihad / Tarek, Nawal est victime d’un horrible déchirement de conscience, en ce qu’elle ne peut concilier la promesse d’amour sans réserves faite à son fils et le désir de justice qu’elle réclame, pour elle-même et pour les autres victimes des tortures de ce même fils.
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C'est un livre où les gens courent à la recherche les uns des autres, pour essayer de réunir la famille que la guerre a explosée ;
C'est un livre de plus qui raconte les dégâts de la guerre, dégâts physiques et psychologiques...
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La guerre du Liban, ou guerre civile libanaise, est une guerre civile ponctuée d’interventions étrangères qui s’est déroulée de 1975 à 1990 au Liban en faisant entre 130 000 et 250 000 victimes civiles.
Wajdi Mouawad, Libanais d'origine, a été très marqué par ce conflit, même s'il a quitté son pays pour le Québec en 1978, à l'âge de dix ans.
Autour des années 2000, l'auteur a rencontré la résistante libanaise Souha Bechara, dont le combat fut une source d'inspiration pour Mouawad.
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Pourquoi ce titre, « Le sang des promesses » ?
Parce que, je pense que, malgré la guerre, l'horreur, les viols et les assassinats, Nawal, dans le sang versé, tient ses promesses faites à sa grand-mère mourante.
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J'ai passé un moment inoubliable, malgré la tristesse du sujet, car le style de l'auteur est très.... comment dire ? Euh... « aérien », comme s'il avait voulu se détacher d'une gangue qui le tenaille aux tripes.
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