Sylvie Terrier, comme Nastasia, moi-même, et sûrement d’autres Babeliotes, est Normande, et le revendique haut et fort, par son patois, ses racines, la Terre, les us et coutumes, ses souvenirs…
« Tronches de vie » sont des tranches de vie, des histoires vraies ou imaginées, mais qui font parfois une drôle de tronche, quand maintenant « les vieux » sont dépassés et ne sont plus respectés comme jadis, alors qu’on les appelait encore « les Anciens » ; quand la misère sociale d’un père aux yeux d’acier et une mère dont les épaules tombent se voient confisquer leurs enfants par l’AP ; quand on voit sur les routes, « les bouquets brisés », souvenir du lieu de l’accident du fils, quand les agriculteurs qui nous nourrissent sont obligés d’hypothéquer leurs fermes ….
Heureusement, l’auteure intercale des histoires humoristiques comme celle de « l’histoire à Gustave qu’avait marié la Marie, une saprée gaillarde, qui n’craignait point d’porter les ballots d’paille, pis avec une gouaille qui plaisait pas ben à l’aut’famille qui s’donnait des airs de ceuss qu’ont réussi. »
Il y a encore plein d’histoires humoristiques, des souvenirs personnels émouvants, comme la nostalgie du tableau noir, l’hommage au prof de latin-grec qui a fait découvrir à Sylvie autre chose que le fastidieux programme, prof qui l’encourageait à écrire ( 1), l’histoire émouvante de la petite fille de riches qui s’éprend de « Mémère », la pauvre vieille voisine, où elle découvre le lapin, la porte qui grince, la vieille table de ferme polie par le temps, la cheminée à l’odeur comme il n’yen a pas chez elle, bref, LES RACINES ! Tout comme l’hommage final de l’auteure à sa grand-mère, qui, à Tessé-Foulay, Basse-Normandie, lui a fait découvrir « les cendres de la cheminée, l’odeur du pain grillé, le feu qui crépite dans l’âtre, et la bouilloire qui siffle au coin du feu, le bruit clair du broc d’eau chaude que l’on versait dans la bassine blanche, le matin, derrière le paravent rose. »
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Moi aussi, mon grand-père Normand m’a appris à planter les légumes, et mes étés chez eul’Pé Petit et l’Pé Confais, en Normandie ( encore ! ) où j’ai appris à traire la vac, tourner la baratte, enfourcher les bottes de paille, conduire la moissonneuse, font partie des plus beaux souvenirs de ma vie, d’autant plus que j’étais « amoureux » de la fille du patron 😊
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Connaissez-vous un autre Tessé, dans l’Orne, Tessé-la Madeleine, où j’ai passé une tranche de vie, et la vieille ville de Domfront, à côté, superbe, ou le château et les abbayes de « Nout’Guillaume » à Caen, mais aussi, en Haute Normandie, le beau village de Veules-les-Roses, plus beau qu’Etretat pour nous, ou bien sûr Rouen Rive droite ?
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Les RACINES nous retiennent quand le terrain est glissant, sans racines, on peut tomber…
Merci à ma famille 😊
« Racines, vieilles fontaines immortelles » ( Claude Besson )
( 1 ) : mon prof d’EPS de première, lui aussi, m’a donné ma vocation.
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